Par Alban B.
Je m’appelle Alban, je suis originaire de Pau, j’ai 26 ans et je suis appareillé des deux oreilles depuis mes 2 ans et demi, car je suis atteint d’une surdité bilatérale de plus de 80 % depuis ma naissance.
Je viens de finir mon double diplôme (il y a 1 an et demi), ingénieur en génie civil à l’INSA Toulouse et Master management de l’innovation à l’IAE Toulouse et j’ai été sportif haut niveau en escrime du collège jusqu’à la fin de mes études supérieures. Cela m’a permis de vivre des expériences sportives à l’international tout en alliant mes études supérieures.
Après avoir travaillé dans la gestion de projet de construction en France, j’ai eu l’opportunité de partir travailler à l’étranger. C’était pour moi un objectif d’avoir une expérience à l’international.
Actuellement expatrié dans les Caraïbes, je vous fais part de mon expérience en tant que malentendant depuis ma naissance. En découvrant votre fondation, avec votre système de monitorat par exemple, je me suis dit que ce ne pouvait être que positif de partager mon témoignage avec vous.
Premièrement et simplement, la seule chose dont j’ai voulu et je me suis battu depuis le début de ma scolarité et de ma carrière sportive est d'être considéré comme tous les autres étudiants, sportifs … un être humain quoi ! Alors bien sûr, il y a eu des moments difficiles, tout d’abord des moqueries, des injustices ou des gens qui ne vont pas comprendre le handicap … mais également des difficultés, de la fatigue après des semaines intenses de révisions, partiels ou des compétitions avec des longs voyages par exemple… C’est sûr, on peut avoir des coups de mou mais je me suis toujours dit que c’était une chance pour moi de m’exprimer à la fois dans mon sport et dans mes études malgré mon handicap.
Bien sûr, je ne pourrai jamais remercier ma famille, mes entraineurs et mes amis et toutes les personnes qui m’ont compris et aidé à être la personne que je suis aujourd’hui. Sans eux je pense je n’aurai jamais fait tout ce que j’ai accompli à ce jour.
Durant mes études j’ai également eu la chance de voyager (Inde, Sri Lanka, Népal, Pérou, Indonésie, Thailande, Nouvelle Zélande, Nicaragua). Plus particulièrement, je suis parti 5 mois en Inde et cela a été un déclic pour moi. J’ai pris conscience que finalement, on n’a pas besoin de beaucoup pour être heureux et surtout la chance qu’on a de vivre dans un pays magnifique et développé comme la France. On a la chance de pouvoir étudier, vivre sereinement, avoir accès à la médecine, être appareillé quand on est malentendant… Cette prise de conscience m’a encore plus motivé à accomplir mes projets.
Cela m’a encouragé à profiter de chaque moment et de donner le meilleur de soi pour accomplir mes différents objectifs et inciter à utiliser ce handicap comme une force au lieu d’une faiblesse. Alors je sais que c’est difficile, mais je vous assure, je m’en rends compte tous les jours, il n’y a pas de barrières à être heureux et réussir à faire ce que l’on veut. Par exemple, le sport m’a permis de me rendre compte qu’on pouvait largement combattre et gagner face aux gens qui n’ont pas de handicap. Et dans la vie, c’est pareil.
Et puis, comme je dis souvent avec un brin d’humour; on a de la chance quand même pour dormir où on veut et quand on veut, on a juste à débrancher nos appareils et on est tranquille. J’ai toujours voulu faire passer le message qu’il ne faut jamais baisser les bras et se dire qu’il y a une solution pour être celui qu’on veut (qu’on soit entendant ou malentendant, c’est pareil !)
Alors voilà, aujourd’hui, je vous écris ce petit message, car cela me tient à coeur d’aider des jeunes malentendants ou sourds, en tant que malentendant moi-même, je sais ce qu’ils ressentent et si je peux les motiver ou les aider.
