Par Chiara Maillart.
« « Surdité bilatérale de perception », mes parents ont bataillé près d’un an avant de poser un diagnostic et des mots sur mon trouble. En effet, je m’isolais, je faisais des gestes désordonnés avec mes mains et de nombreux médecins n’ont pas cherché à voir plus loin et l’un d’eux a tout simplement décrété que j’étais autiste.
Puis après être passée par les moqueries, le regard des autres, les difficultés à l’école … J'ai progressivement ouvert les yeux, j’ai rencontré des personnes qui ont été de véritables déclics dans ma vie. J’ai donc commencé à me rendre compte des choses, notamment le fait que mon handicap a impacté la vie de ma famille.
Arrivée dans les études supérieures j’ai décidé d’être la personne que je voulais être depuis le début, j’en avais assez de rester seule dans mon coin et je voulais aller à la rencontre des autres, leur montrer qui j’étais et en quoi consistait mon handicap.
En voyant leurs interrogations et leur intérêt, cela m’a permis de comprendre comment dédramatiser le handicap, d’expliquer et d’en finir avec la peur du regard des autres et les moqueries.
En fin de première année, nous étions censés réaliser un court métrage sur le thème que l’on voulait. J’avais choisi un thème qui n’avait rien à voir mais étant donné qu’avec le covid ce projet a été abandonné, c’est à ce moment là que j’ai réalisé qu’au fond de moi c’était ce que je voulais faire : un film.
Tout d’abord, j’ai fait ce film sans savoir jusqu’où irait le projet et à titre purement personnel, pour permettre aux personnes me connaissant avant l’acceptation de ma surdité, de comprendre ce changement, et aux personnes qui me connaissent actuellement, de comprendre mon histoire et tout le cheminement. Le clip de début est une véritable réalisation artistique étant donné que je suis passionnée de cinéma et de photographie. Puis au fur et à mesure j’ai commencé à me dire que je voulais aborder d’autres points sur ce sujet, ce qu’un simple clip musical et muet ne me permettait pas de faire. J’ai donc commencé à discuter de mon projet à mes connaissances afin qu’ils témoignent eux aussi et afin d’avoir un véritable aperçu global sur ce handicap, il y a donc d’autres malentendants et sourds, mes parents, des amis entendants… ce qui permet une certaine richesse. Ce film a pour but d’aider les parents qui viennent d’apprendre que leur enfant est malentendant, d’aider une personne qui vient de perdre l’audition, de sensibiliser, d’apprendre et de mettre en lumière ce handicap. Parce que ce handicap est trop souvent cloisonné aux personnes âgées alors qu’il existe une multitude de degrés de surdité et que cela peut arriver à n’importe quel moment de notre vie et à n’importe qui.
Les phases les plus longues lors de la réalisation de ce film étaient le montage et les sous-titres, car c’était très long mais je voulais que chacun puisse apprécier ce film et puisse le regarder (d’autant plus lorsque le sujet traite de la surdité).
Le film est donc sorti il y a un peu moins d’un mois, après un peu moins d’un an de travail entre l’écriture et la réalisation. Les retours que je reçois chaque jours dépassent toutes mes espérances. Parce que maintenant j’ai 20 ans et je me rends compte de la chance que j’ai eu mais je pense que j’aurais apprécié que quelqu’un me tienne la main et me dise que tout irait bien, que je n’étais pas toute seule dans ce combat, car une citation dit « Deviens la personne dont tu avais besoin ».