Le 20 octobre, la Fondation Pour l’Audition a distingué trois lauréats de la recherche avec ses Prix Scientifiques. Qui sont ces chercheurs et sur quoi travaillent-ils ?
Des Prix pour que la recherche dans l’audition s’accélère
Depuis 2013, la Fondation Pour l’Audition prime les talents de la recherche, en France et à l’international, avec ses Prix Scientifiques. En les récompensant, la fondation souhaite également développer une communauté dynamique de chercheurs et médecins.
Cette communauté, composée des anciens lauréats des Prix Scientifiques et du programme de soutien à la recherche de la Fondation Pour l’Audition, bénéficie d’un accompagnement avec plusieurs événements sur l’année, permettant aux acteurs de cette communauté de se rencontrer, d’échanger sur leurs recherches et de se former à la prise de parole grand public.
Le Grand Prix Scientifique 2022 distingue le Pr M. Charles Liberman
La Fondation Pour l’Audition salue le travail du chercheur américain, le Professeur M. Charles Liberman, pour ses travaux pionniers sur l’organisation et la fonction des principales voies nerveuses reliant l’oreille interne au cerveau.
Professeur d’Otologie et de Laryngologie à la faculté de médecine d’Harvard à Boston, le Pr M. Charles Liberman conduit ses recherches au sein des laboratoires Eaton-Peabody.
Ses recherches se concentrent depuis plus de 40 ans sur l’oreille interne, où les cellules sensorielles transforment les sons en signaux électriques pour pouvoir être ensuite acheminés, via les fibres du nerf auditif, vers le cerveau où ils seront décodés. À l’encontre de ce qu’on pensait jusque-là, le chercheur a découvert que les fibres nerveuses auditives sont plus vulnérables à l’exposition au bruit et à l’avancée en âge que les cellules sensorielles. Plus précisément, ce sont les connexions (appelés synapses) entre les fibres nerveuses et les cellules sensorielles qui disparaissent d’abord.
Même une exposition au bruit relativement légère, ne provoquant qu’une perte transitoire de sensibilité auditive, peut détruire jusqu’à 50 % de ces synapses. Cette atteinte, qui n’est pas détectable sur l’audiogramme (le test diagnostique de référence pour l’audition), a été surnommée « surdité cachée ». Ces découvertes majeures permettent de comprendre l’origine des difficultés d’audition dans le bruit, même avec un audiogramme normal, ou des acouphènes.
Enfin, le Pr Liberman a réussi à montrer qu’il était possible de rétablir les connexions entre les cellules sensorielles et les fibres nerveuses chez l’animal par l’administration locale de facteurs nutritionnels. Ces résultats ont inspiré à des sociétés de biotechnologie des programmes de développement thérapeutique pour la surdité cachée ; les acouphènes et l’hyperacousie, susceptibles d’en être la conséquence, pourraient aussi en bénéficier.
Ces avancées majeures portent donc la promesse d’améliorer l’audition et de soulager la souffrance de millions de personnes.
Le Prix Émergence Scientifique pour la recherche fondamentale 2022 est décerné à Benjamin Morillon
Benjamin Morillon, chargé de recherche à l’INSERM, spécialisé dans l’étude de la dynamique du cerveau, est récompensé pour ses travaux sur le fonctionnement asymétrique du cerveau dans le traitement de la parole et de la musique.
Ses projets visent à comprendre comment le cerveau traite les sons et la parole. Grâce à différentes techniques, Benjamin Morillon enregistre chez des volontaires sains l’activité cérébrale au cours du traitement de la parole et des sons. Il a ainsi montré que les hémisphères gauche et droit du cerveau se complètent pour saisir cette complexité auditive.
C’est grâce à l’hémisphère gauche que nous comprenons ce qui est dit, et à l’hémisphère droit que nous apprécions un morceau de musique.
Les travaux de Benjamin Morillon ouvrent des perspectives thérapeutiques pour la rééducation auditive des personnes appareillées ou implantées ou affectées par des troubles de la parole.
Le Prix Émergence Scientifique pour la recherche clinique 2022 est remis à Ghizlene Lahlou
Récompensée pour ses travaux de recherche translationnelle sur les surdités génétiques, Ghizlene Lahlou est chirurgien ORL à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et Maître de Conférences des Universités à la faculté de Médecine Sorbonne Université, à Paris. Ses projets visent à la fois à améliorer la prise en charge des surdités génétiques et leur pronostic, à perfectionner les approches de réhabilitation et à mettre au point des techniques de thérapie génique dans ces affections.
Le Dr Lahlou participe notamment à l’ambitieux projet de Recherche Hospitalo-Universitaire Audinnove, qui concerne la surdité DFNB9, l’une des surdités les plus fréquentes à la naissance. Celui-ci vise à développer, d’ici 2025, le premier essai clinique au monde d’une thérapie génique ciblant l’oreille interne.
