ZATORRE Robert
BOURSE POSTDOCTORALE
Statut du soutien : actif
Le Professeur Zatorre supervise le stage postdoctoral d’Etienne Abassi au sein du Montreal Neurological Institute à McGill University, au Canada. Le projet a pour objectif de mieux comprendre comment notre cerveau perçoit spécifiquement une conversation entre plusieurs individus.
En savoir plus sur cette recherche sur la page d’Etienne Abassi
Professeur Robert J. Zatorre
Université McGill, Montréal, Canada
PRIX SCIENTIFIQUE
Statut du soutien : clos
Le Grand Prix scientifique 2021 a été décerné au professeur Robert Zatorre, de l’Université McGill à Montréal. Il récompense le chercheur pour ses travaux pionniers sur le fonctionnement asymétrique du cerveau dans le traitement de la musique et de la parole.
Robert Zatorre est professeur de neurosciences à l’Institut neurologique de Montréal (le Neuro), à l’Université McGill au Canada. Il codirige le laboratoire BRAMS (Brain, Music and Sound Research), structure internationale unique dédiée aux neurosciences cognitives[1] de la musique.
SES TRAVAUX
Le Pr Zatorre étudie depuis une quarantaine d’années les mécanismes de la perception de la musique par notre cerveau. Dès les années 1980, il est précurseur dans ce domaine. Ses recherches fondamentales contribuent à la genèse d’une nouvelle discipline, les neurosciences cognitives de l’audition, autrement dit comment le cerveau traite l’information auditive. Elles se traduisent, au fil des ans, par des avancées majeures qui mettent en lumière l’organisation, la structure et le fonctionnement cérébral lors de l’écoute musicale.
Cerveau gauche, cerveau droit : des partitions complémentaires
Dès 1992, il s’illustre par une découverte qui fait référence : grâce à l’imagerie cérébrale, il montre que le cerveau traite de manière asymétrique et complémentaire la parole et la hauteur des sons (des graves aux aigus). Ainsi, les aires auditives du cerveau gauche sont spécialisées dans la reconnaissance de la parole, tandis que celles du cerveau droit décryptent la musique. Depuis, le Pr Zatorre poursuit ses investigations pour comprendre les mécanismes de cette asymétrie par une approche pluridisciplinaire qui permet à son équipe, en 2020, de proposer une théorie qui va beaucoup plus loin.
Cette nouvelle étude dévoile que le cerveau gauche et le cerveau droit ne sont pas sensibles aux mêmes composantes du son. Les aires auditives du cerveau gauche fonctionnent très rapidement pour suivre les modulations rapides du son liées à la parole. C’est cette région qui permet d’interpréter les phonèmes, les sons élémentaires de la langue. L’aire auditive droite, quant à elle, fonctionne de manière plus lente et analyse plus finement les fréquences sonores. C’est cette spécialisation qui nous rend sensibles à la mélodie. Selon le chercheur, le cerveau aurait donc développé deux capacités parallèles et complémentaires pour traiter les indices acoustiques les plus pertinents pour déchiffrer la parole et la musique, chacune siégeant dans un côté opposé du cerveau.
Des progrès pour les patients
À terme, les découvertes fondamentales du Pr Zatorre devraient se traduire par de multiples retombées pour les patients sourds ou malentendants. Il espère en particulier qu’elles pourront mener à concevoir des implants cochléaires de nouvelle génération dont la transmission des modulations du son serait améliorée. L’objectif ? Permettre aux personnes implantées de mieux communiquer et d’apprécier à nouveau la musique.
Au cours de sa carrière, le Pr Zatorre et son équipe ont exploré de nombreuses autres questions liées à la cognition musicale, comme les aptitudes particulières des musiciens ou encore les mécanismes à l’origine du plaisir musical. La compréhension de la façon dont le cerveau décode la parole et la musique devrait contribuer à optimiser les protocoles de rééducation auditive des personnes appareillées et implantées. De quoi retrouver, par exemple, une meilleure audition du timbre de la voix ou de la parole en environnement bruyant.
Pour le Pr Zatorre, « mieux connaître la manière dont le cerveau traite la musique et comment elle diffère du traitement de la parole est crucial pour améliorer la perception musicale avec les implants. Ce progrès est très important car la musique est essentielle par les émotions qu’elle procure ! ».
Au-delà même du champ de la surdité, ces découvertes intéressent les cliniciens dans la prise en charge des troubles de la dépression, la maladie de Parkinson, ou encore d’autres maladies neurodégénératives.
SON PARCOURS
Après un double cursus en psychologie et en musique, à Boston University, aux États-Unis, Robert Zatorre opte pour la psychologie expérimentale à Brown University, à Providence (Rhode Island, États-Unis). En 1978, décidé à allier sa curiosité scientifique et sa passion pour la musique, il propose au Dr Peter Eimas un sujet de doctorat dans le champ de la cognition musicale, un thème très peu développé alors. Il obtient son doctorat de psychologie expérimentale de Brown University en 1981. Pour son postdoctorat, le Dr Brenda Milner, pionnière de la neuropsychologie cognitive, lui ouvre les portes de son laboratoire à l’Institut neurologique de Montréal, à l’Université McGill au Québec. En 1983, il y obtient un poste de neuropsychologue et commence à se faire un nom dans le domaine de la cognition musicale, qu’il contribue largement à construire. En 1989, il est nommé Professeur associé puis, en 2005, promu au titre de Professeur titulaire, et en 2020 il reçoit une chaire de recherche du Canada.
Fier du rayonnement international du laboratoire BRAMS dédié aux neurosciences de la musique et fondé en 2006 avec sa collègue Isabelle Peretz, le Pr Zatorre se félicite qu’ « une nouvelle génération poursuive ces travaux partout dans le monde, particulièrement en Europe, et en France ». En effet, ses anciens étudiants et tous les chercheurs qu’il a inspirés forment aujourd’hui un réseau qui, autour du monde et particulièrement en Europe et en France, entretiennent le dynamisme de la cognition musicale.
Enfin, la réputation internationale du Pr Robert Zatorre lui a valu de nombreuses récompenses. Parmi elles, citons, en 2002, l’Oliver Sacks Award (Institute for Music and Neurologic Function, New York), en 2011 le Prix Plasticité neuronale (Fondation Ipsen, Paris), en 2013 le Hugh Knowles Prize (Northwestern University, Chicago), en 2017 l’élection à la Société Royale du Canada, en 2020 le C.L. de Carvalho-Heineken Prize for Cognitive Sciences (Alfred Heineken Fondsen Foundation et Académie Néerlandaise des Arts et des Sciences, Pays-Bas).
Professeur Robert J. Zatorre
Université McGill, Montréal, Canada
[1] Cognition : faculté du cerveau de penser, de traiter et d’emmagasiner de l’information