WALLOIS Fabrice

Statut du soutien : actif

Le projet international porté par le Pr Fabrice Wallois au Centre Universitaire de Recherche en Santé, à Amiens, vise à étudier les conséquences de la prématurité sur le développement des réseaux qui traitent les sons dans le cerveau. En espérant, par la suite, proposer des interventions préventives pour éviter les déficits observés.

La prématurité constitue un facteur de risque de déficience auditive, mais ses mécanismes sont inconnus. On sait néanmoins que le dernier trimestre de la grossesse est une période critique du développement cérébral. « Les sons qui arrivent au fœtus durant cette période ont un rôle très important : ils contribuent à modeler la manière dont les neurones se connectent pour former les réseaux qui traiteront l’information auditive », explique le Pr Fabrice Wallois, neurophysiologiste à la tête du Groupe de recherches sur l'analyse multimodale de la fonction cérébrale, un laboratoire Inserm/Université de Picardie/CHU d’Amiens. Or le nouveau-né prématuré passe de l’environnement sonore du ventre maternel à celui de l’unité de soins intensifs. « Durant cette période cruciale du développement, il est privé de la stimulation par les sons perçus dans l’utérus, surtout la voix, les pas, la respiration et les battements du cœur de sa mère. Nous pensons que cela peut interférer avec le développement normal des circuits cérébraux de l’audition, encore en cours durant cette période. Les déficits précoces induits pourraient avoir des répercussions durant les mois qui suivent la naissance et tout au long de la vie, comme des troubles d’acquisition du langage, de la communication. » L’étude en cours, menée chez des bébés prématurés, est destinée à étayer cette hypothèse. 

L’imagerie de pointe pour étudier le réseau auditif des prématurés

Depuis plusieurs années, l’équipe du Pr Wallois a développé des approches d’imagerie cérébrale à très haute résolution pour visualiser finement l’activité cérébrale des prématurés. « Pour cela, nous combinons deux techniques non invasives et totalement indolores : l’électro-encéphalographie (EEG), qui mesure l’activité électrique produite par le cerveau ; et la spectroscopie optique proche infrarouge (NIRS), qui, via l’oxygénation du sang, révèle le niveau d’activité des zones du cerveau. Les images obtenues nous renseignent sur la mise en place des connexions et sur les régions cérébrales impliquées. » Concrètement, on pose sur la tête du bébé un bonnet dans lequel sont intégrées les composants électroniques qui permettent le recueil de ces informations pendant l’écoute de sons musicaux. Le chercheur résume : « Sahar Moghimi, chercheuse au laboratoire qui a conçu les protocoles, va étudier ainsi 120 bébés prématurés, nés entre 26 et 40 semaines d’aménorrhée. Elle comparera leurs données cérébrales avec celles issues de nouveau-nés à terme. Notre collègue la Pr Laurel Trainor à McMaster University, directrice de l’Institute for Music and the Mind, au Canada, étudiera de la même façon des enfants de 6 mois nés prématurément ou non. Nous espérons comprendre les étapes très précoces du développement des réseaux de l’audition, ainsi que l’effet de la prématurité sur ces réseaux. Notre objectif ultime est de concevoir des interventions susceptibles de prévenir l’apparition des déficits développementaux liés à la prématurité. Ce pourrait être, par exemple, en récréant une ambiance sonore proche de celle du ventre maternel. »

Le projet du Pr Wallois bénéficie du soutien du Groupe Dassault pour une durée de trois ans.

Professeur Fabrice Wallois
Chercheur, Inserm U1105, Université d'Amiens, France