TRIBUNE - Pour un sport plus inclusif pour les personnes sourdes ou malentendantes

Tribune sport inclusif
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Tribune co-rédigée avec Unanimes, l'Union des Associations Nationales pour l'Inclusion des Malentendants et des Sourds.

Actualités - Publié le 26/08/2024 - Mis à jour le 04/09/2024

Résumé

Le sport est un domaine où chacun devrait pouvoir trouver sa place. Pourtant, les personnes sourdes ou malentendantes font souvent face à des obstacles pour accéder aux activités sportives, que ce soit au niveau amateur ou professionnel.

Contenu
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Saviez-vous que les personnes sourdes ou malentendantes peuvent participer aux Jeux Olympiques, aux Jeux Paralympiques (sous certaines conditions, notamment si un autre handicap est reconnu), ou aux Deaflympics, une compétition internationale pour les Sourds ?

Pour en savoir plus, voir le podcast Ouest France intitulé "Pourquoi les personnes sourdes et malentendantes ne participent pas aux Jeux Paralympiques ?".

Eléments
En savoir plus sur les Deaflympics

Les Deaflympics (appelés aussi Jeux olympiques des Sourds) ont lieu tous les quatre ans, et sont la plus ancienne compétition multisports après les Jeux olympiques. Seuls les athlètes ayant : un seuil d'audition de moins de 55 décibels et ne disposant pas de dispositif de correction auditif peuvent participer. Les athlètes disposant d'un capital auditif supérieur à 55 décibels d'audition concourent avec les valides. Pour aller plus loin.

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TRIBUNE 


Le sport est un puissant vecteur de sociabilisation, offrant de nombreux bienfaits physiques et mentaux tout en favorisant l'intégration sociale. Alors que les jeux olympiques et paralympiques qui se tiennent en France en 2024 mettent en lumière l'importance de l'inclusion des personnes en situation de handicap, il est urgent de repenser notre approche pour intégrer pleinement les personnes sourdes, malentendantes ou sourdaveugles dans le monde du sport amateur, qu’elles se reconnaissent, ou pas, en situation de handicap.

L'inclusivité dans le sport est un principe essentiel qui doit être promu à tous les niveaux, des clubs amateurs aux compétitions internationales. Pourtant, une grande disparité persiste : trop souvent, les personnes sourdes ou malentendantes se heurtent à des barrières considérables. Elles rencontrent des difficultés pour accéder aux informations importantes, comme les consignes de jeu et les stratégies d'équipe, en raison de la prédominance des signaux sonores et des instructions verbales. Dans les sports collectifs, où la communication rapide et efficace est cruciale, ces obstacles peuvent les empêcher de participer pleinement et de profiter des mêmes opportunités que les personnes entendantes. De plus, les clubs sportifs ne sont pas toujours équipés ni formés pour accueillir ces personnes de manière adéquate, ce qui renforce leur sentiment d'exclusion et limite leur engagement sportif.

Pourtant, les personnes sourdes ou malentendantes ont prouvé qu'elles sont autrement capables en développant des stratégies de communication singulières. De nombreux athlètes malentendants concourent avec succès aux jeux olympiques réguliers, montrant que leur handicap ne les empêche pas de réaliser des performances remarquables. Cependant, dans les clubs amateurs, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer une véritable inclusion à tous les âges de la vie, enfants, adultes et séniors.

Pour rendre les clubs sportifs plus inclusifs, il est crucial de former les fédérations et les clubs à l'accueil des personnes sourdes ou malentendantes, quelque soir leur type de surdité. Quelques aménagements peuvent transformer leur expérience sportive : répertorier les aides techniques disponibles, former les entraîneurs à la communication avec les personnes sourdes et utiliser des dispositifs adaptés. Ces mesures simples mais efficaces peuvent grandement améliorer l'accessibilité des activités sportives.

Les fédérations et les clubs doivent également intensifier leurs efforts de communication dans les territoires, partout en France, pour promouvoir l'accueil des jeunes sourds ou malentendants dans les clubs. Chaque enfant ou adolescent sourd a le droit de pratiquer le sport de son choix, et il est de notre devoir moral, éthique de leur offrir les moyens nécessaires pour le faire.

Des solutions existent déjà pour rendre le sport accessible à d'autres types de handicaps. Il est temps de mettre en place des dispositifs similaires pour les personnes sourdes ou malentendantes. En France, le nombre de personnes concernées par les surdités, soit 10% de la population, justifie pleinement l'élaboration de mesures spécifiques pour ce public. Le programme Club Inclusif et l’outil Trouve Ton Parasport portés par le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) sont des initiatives allant dans la bonne direction, mais nous pouvons aller encore plus loin.

L’investissement des fédérations sportives et des clubs est primordial : une campagne de communication et de sensibilisation sur l'inclusion des personnes sourdes dans le sport est nécessaire pour changer les mentalités et encourager une véritable intégration. Les dispositifs adaptés existent déjà ; ils doivent être déployés largement pour qu'ils profitent à tous.

L'inclusion des personnes sourdes et malentendantes dans le sport quel que soit leur mode de communication est non seulement une question de justice, mais aussi de reconnaissance de leurs talents et de leur potentiel. En tant que société, nous avons la responsabilité de garantir que chacun ait accès aux mêmes opportunités, quelle que soit sa différence.

Fondation Pour l'Audition et Unanimes


 

Eléments
Députés, associations, professionnels et personnalités soutenant la tribune :

Députés :

  • M. Philippe Fait, député du Pas-de-Calais (4e circonscription)
  • M. François Gernigon, député du Maine-et-Loire (1ère circonscription)

Associations :

  • Action Connaissance Formation pour la Surdité (ACFOS)
  • AuditionSolidarité
  • Eloquence de la Différence, présidée par M. Mounah Bizri
  • Association de Réhabilitation et Défense des Devenus-Sourds (ARDDS), représentée par Mme Anne-Marie Choupin, présidente, et M. Richard Darbéra, vice-président
  • BruitParif, présidé par M. Olivier Blond
  • Fondation Décathlon
  • Le Manifeste Inclusion
  • Fondation Mission Santé, dirigée par M. Brice Farrugia
  • Fédération SurdiFrance
  • Union Nationale des Associations de Parents d'Enfants Déficients Auditifs (UNAPEDA), présidée par Mme Françoise de la Charlerie

Professionnels :

  • Centre de Référence des Surdités Génétiques
  • M. Pascal Andrieux, directeur de l'engagement sociétal et du Mécénat chez Malakoff Humanis
  • Prof. Cédric Annweiler, président du Gérontopôle des Pays de la Loire
  • M. Gilles Barbier, fondateur et directeur de Handicap.fr
  • Mme Sandrine Chaix, Vice-présidente déléguée à l'Action Sociale et au Handicap, région Auvergne-Rhône-Alpes
  • Prof. Bernard Fraysse, professeur émérite, ancien président de la Fédération internationale des sociétés d'ORL (IFOS)
  • M. Stéphane Junique, président du groupe VYV
  • M. Mathieu Kracher, professeur de judo à l’Union Laïque de Miribel (ULM)
  • Dr. Alain Londéro, médecin ORL
  • M. Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris, chargé du Sport, des Jeux Olympiques et Paralympiques, et de la Seine
  • M. Patrick Weiten, président du Département de la Moselle

Personnalités :

  • M. Antoine Collomb-Patton, membre de l'équipe de France de ski de fond
  • Mme Manon Haab, sportive de haut niveau à la Fédération Française Handisport
  • Mme Pauline Leynier, porteuse de la flamme olympique
  • Mme Pamera Losange, athlète, et ses parents

À l'écoute de chacun - interviews

Tout l'été, la Fondation Pour l'Audition a mis en lumière ceux qui œuvrent pour rendre le sport plus inclusif pour les personnes sourdes ou malentendantes : athlètes, fédérations, associations, et bien d'autres.

Visionner les interviews
Citation
Un pays de sport, ça se construit par la pratique à la base et ça rayonne par ses champions au sommet.
Auteur
Nathalie Iannetta, journaliste à France Inter