BREIL Eugénie
Statut du soutien : actif
Au cours de son stage de Master 2, réalisé sous la tutelle du Pr Jeffrey W. Kysar, à Columbia University, à New York, Eugénie Breil se propose de tester une micro-aiguille innovante pour injecter des traitements dans l’oreille interne. Elle espère l’adapter et en montrer l’intérêt pour la thérapie génique des surdités de naissance.
Le projet de recherche d’Eugénie Breil vise à étudier un outil d’injection innovant mis au point par l’équipe du Pr Kysar. Son but : prouver son efficacité et son innocuité pour une application en thérapie des surdités d’origine génétique.
La technique de thérapie génique consiste à corriger l’anomalie du gène défectueux en cause dans la pathologie. Pour cela, il s’agit de faire pénétrer une copie saine du gène dans les cellules du patient à l’aide d’un transporteur (le vecteur), souvent un virus rendu inoffensif. La jeune interne en ORL décrit les difficultés de l’approche : « Dans le cas des surdités de perception héréditaires, il faut injecter le virus directement dans le liquide de l’oreille interne où se trouvent les cellules ciliées, responsables de transmettre le signal sonore au cerveau. Cela permet de les cibler spécifiquement. Mais ces cellules sont extrêmement fragiles. En pénétrant de manière brutale par la fenêtre ronde, la « porte d’entrée » de l’oreille interne, la variation de pression risque de leur être délétère et de créer une inflammation locale. » C’est dans ce but qu’une micro-aiguille extrêmement précise, d’un diamètre de 100 micromètres (soit 0,1 millimètre), a été développée par le laboratoire du Pr Kysar, en combinant l’impression 3D et des matériaux innovants. Testée chez le cochon d’Inde, elle est moins traumatique pour l’oreille interne : elle pénètre au travers de la membrane de la fenêtre ronde sans en sectionner les fibres, permettant une cicatrisation en deux ou trois jours.
Une approche innovante pour traiter l’oreille interne
« Mon projet consiste d’abord à étudier la tolérance et l’efficacité d’un transfert de gène grâce à cette micro-aiguille, précise Eugénie Breil. Pour cela, j’évalue le taux de transfert de gène dans les cellules sensorielles et la préservation de l’audition et de l’équilibre chez le cochon d’Inde. Je les comparerai avec l’effet d’une administration conventionnelle. » Dans un second volet de l’étude, l’étudiante va adapter la micro-aiguille à l’oreille interne de la souris, le modèle de laboratoire utilisé pour les études de thérapie génique. Il s’agit de prendre en compte les propriétés particulières de la membrane de la fenêtre ronde dans cette espèce pour concevoir l’outil adéquat. Des techniques très perfectionnées pour l’impression 3D et la visualisation au microscope de l’effet de l’aiguille sur cette membrane seront nécessaires. Eugénie Breil s’enthousiasme : « Si l’efficacité et la tolérance de cette micro-aiguille innovante sont confirmées chez le rongeur, cela constituerait une étape supplémentaire vers la transposition de la thérapie génique chez l’humain. Cette avancée, en plus de faire progresser cette technique prometteuse, permettrait à court terme d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques agissant directement sur l’oreille interne, comme l’injection de traitements protecteurs pour soigner les traumatismes sonores, ou contre les effets délétères des chimiothérapies. »
« La Bourse de la Fondation Pour l'Audition est pour moi une opportunité rare de pouvoir réaliser une année consacrée à la recherche fondamentale, mais aussi de découvrir une autre culture scientifique dans une ville aussi dynamique que New York. Travailler dans une double équipe composée de chercheurs et d’ingénieurs n’est pas classique pour un interne en chirurgie, et sans le financement de la Fondation Pour l'Audition, ce projet n’aurait pas été possible. »
Docteur Eugénie Breil
Department Mechanical Engineering, Columbia University, New York, NY, USA
« Mon collaborateur, le Professeur Anil K. Lalwani, et moi-même sommes très reconnaissants de l’opportunité donnée par la Fondation Pour l'Audition d’accueillir Eugénie Breil dans notre laboratoire et de pouvoir appliquer notre technologie à des fins chirurgicales, dans le but de développer un traitement des surdités congénitales. Ce projet promet une précieuse collaboration avec l’Institut de l’Audition, à Paris, pour les années futures. »
Pr. Jeffrey W. Kysar
Professor of Mechanical Engineering and of Otolaryngology-Head & Neck Surgery
Columbia University, New York, USA