Accompagner la perte d'audition en EHPAD

Accompagner la perte d'audition en EHPAD
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Les seniors sont fortement concernés par les troubles de l'audition liés à l'âge.

Mis à jour le 21/12/2023

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Les seniors sont fortement concernés par les troubles de l’audition liés à l’âge. En France, selon l’Inserm, 65 % des plus de 65 ans ont des problèmes auditifs (presbyacousie, acouphènes, hyperacousie….). 

Ce constat est également préoccupant pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) où la prévalence des troubles auditifs est très élevée. Il est d’ailleurs important de souligner que parmi les presbyacousiques entre 65 et 85 ans en France, seules un tiers sont appareillées. Pourtant, une récente étude publiée dans The Lancet montre que les aides auditives réduisent de moitié le déclin cognitif chez les personnes âgées malentendantes présentant un risque de déclin cognitif et que l’appareillage auditif améliore les capacités de communication, la socialisation et réduit la solitude (en savoir plus).

Face à cette problématique et aux populations de plus en plus vieillissantes, qui auront elles aussi besoin d’aide dans les années à venir, il est essentiel que tous les acteurs impliqués travaillent ensemble pour trouver des solutions coordonnées. L’objectif : intégrer la santé auditive dans le bien-vieillir.

Citation
Notre ambition est de faire en sorte que la communication et la prise en compte de l'audition des résidents fassent partie du projet de soins dans les établissements et ainsi éviter la perte d'autonomie des personnes concernées.
Auteur
Arnaud Porte, directeur du pôle "Pour le quotidien"

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GENèSE DU PROJET D'accompagnement en ehpad

Au départ : le constat que les difficultés auditives rencontrées par les résidents en Ehpad étaient peu prises en charge. Trop souvent considérée comme une fatalité liée à l’âge, la perte auditive prive la communication, ce qui a pour effet d’isoler et d’accélérer le déclin cognitif. Il existe pourtant des solutions efficaces, savant mélange de techniques et d’usages, qui permettent de maintenir l’accès à la communication et ainsi de prévenir les conséquences d’une surdité.

C’est pour répondre à ce besoin que l’ADSM Surdi 50, a mené un projet pilote dans le Département de la Manche, soutenu par la Conférence des Financeurs, l’ARS Normandie et la Fondation Pour l’Audition.

Citation
Dans chaque établissement, quatre jours étaient dédiés à des rendez-vous individuels avec l'ensemble des résidents, appareillés ou non, pour identifier leurs besoins et leurs difficultés en termes de communication.
Auteur
Yann Griset, président du Bucodes SurdiFrance

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Ce que le projet a montré que :

  • Les interventions individuelles menées auprès des résidents auront confirmé l’importance de la prise en compte des difficultés de communication liées à une perte auditive invalidante qui ont pour la majorité des résidents des conséquences sur leur qualité de vie. Ce qui est le plus fréquemment exprimé concerne le sentiment d’isolement, l’ennui, pouvant même pour certain aller jusqu’à l’expression d’un désir de fin de vie.
  • L’importance d’une sensibilisation et formation du personnel soignant travaillant auprès des aînés, tant sur les problématiques d’audition, des modes de communication, de la prise en compte de l’environnement de la personne que sur le bon usage des appareils auditifs. 
  • Au-delà des professionnels, l’entourage familial va également profiter de ces interactions sociales réhabilitées. La prise en compte de la déficience auditive, la recherche interactive de solutions impliquant la personne âgée permet la réactivation de son rôle social.

Le résultat ? Une évaluation positive de l'impact de l'opération : un meilleur accueil et un accompagnement adapté des résidents, mais aussi sa capacité à rompre l'isolement social de certains résidents.

Vers une stratégie d'essaimage de modalités d'intervention en établissements

Devant ce succès encourageant, la fondation et la Fédération SurdiFrance ont joint leurs efforts en 2022 pour consolider ce projet et créer une ingénierie de projet pour le déploiement à échelle nationale de formation de personnels encadrants et d'interventions auprès des seniors. 

Le mode d'intervention construit devra répondre aux besoins de manière efficace, pouvoir se déployer partout là où le besoin existe, tenir un modèle économique viable, impliquer toutes les parties prenantes, fonctionner de manière durable en tenant compte des évolutions au sein des établissements.

Pour défendre le modèle d'intervention qui va être construit, une démarche de mesure d'impact du projet sera construire afin de pouvoir étayer efficacement ses enjeux d'utilité sociale.

Faits chiffrés : Selon une enquête de la DREES, 8 500 établissements (Ehpad, Ehpa, USLD) et 630 000 résidents sont concernés. Et près de 510 000 accompagnants sont visés par ce projet.